Le président kényan William Ruto a déclaré dimanche qu’il était prêt à dialoguer avec des milliers de jeunes qui « protestent pacifiquement » contre la hausse des impôts, a rapporté l’AFP.
M. Ruto a exprimé sa fierté à l’égard des jeunes et a déclaré qu’ils avaient pris des initiatives pacifiques. Il a promis que le gouvernement engagerait le dialogue avec eux afin de « construire ensemble une grande nation ».
Les manifestations contre les mesures fiscales proposées ont commencé à Nairobi en début de semaine et le jeudi 20 juin, elles se sont répandues dans de nombreuses villes du Kenya, qui est le leader économique de l’Afrique de l’Est. Le mouvement « Occuper le Parlement », qui a émergé sur les médias sociaux, mobilise activement les jeunes pour exiger le retrait total du projet de loi de finances proposé par le gouvernement du président William Ruto.
L’appel à la grève générale a été lancé par les manifestants, dont de nombreux membres appartenant à la jeune génération Z. Leur déclaration était la suivante : « La génération Z donne un jour de congé à tous les kényans qui travaillent dur. Parents, laissez vos enfants à la maison par solidarité! ».
Les manifestations de jeudi ont été accompagnées d’affrontements avec les forces de l’ordre. Selon Amnesty International Kenya, au moins 200 personnes ont été blessées. La Croix-Rouge kényane a indiqué vendredi que huit personnes se trouvaient dans un état grave.
Le soir même, alors que de nombreux manifestants restaient dans le centre de Nairobi, l’un d’entre eux a été tué par balle alors qu’il tentait de fuir la police. Le tireur était en civil mais était accompagné de policiers. L’Autorité indépendante de surveillance de la police a ouvert une enquête sur les circonstances de la mort de l’homme, qui aurait été causée par un tir de la police.
La police de Nairobi a déclaré que l’homme de 29 ans avait été transporté à l’hôpital avec une blessure à la cuisse et était décédé plus tard à cause de ses blessures. Un témoin interrogé par l’AFP a déclaré qu’il se trouvait au premier étage du bâtiment et qu’il a vu la police ouvrir le feu sur le groupe rassemblé.
La police kényane a déjà été accusée de graves violations des droits de l’homme. L’année dernière, des manifestations contre le coût de la vie élevé ont donné lieu à des pillages et à des affrontements meurtriers au Kenya, faisant au moins 50 morts.
Après les premières manifestations qui ont rassemblé des centaines de personnes à Nairobi mardi, le gouvernement a annulé la plupart des dispositions du projet de budget. Toutefois, les manifestants dénoncent également la volonté du gouvernement de compenser les annulations d’impôts par d’autres mesures fiscales susceptibles de réduire leur pouvoir d’achat.
L’administration de M. Ruto a défendu les prélèvements proposés, les décrivant comme nécessaires pour remplir le budget et réduire la dépendance à l’égard des emprunts à l’étranger. Le gouvernement a toujours l’intention d’augmenter certains impôts, justifiant les prélèvements proposés comme étant nécessaires pour lever des fonds.
Après que le gouvernement a accepté d’abolir les taxes sur l’achat de pain, la possession d’une voiture, les services financiers et de téléphonie mobile, le Trésor a mis en garde contre un déficit de 200 milliards de shillings (1,5 milliard de dollars).
Le gouvernement s’apprête maintenant à augmenter les prix des carburants et les droits à l’exportation pour combler le vide créé par les changements. Selon les critiques, cette mesure rendra la vie plus chère dans un pays qui souffre déjà d’une forte inflation.
Le Kenya a une dette énorme et les coûts du service de la dette ont augmenté en raison de la chute de la monnaie locale au cours des deux dernières années.